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JULIAN FARADE

Julian Farade est un artiste français né à Paris en 1986. Il vit et travaille à Paris.

 

Qu’il les peigne, les dessine, les tisse, les grave, les animaux fantastiques de Julian Farade sont partout. Ils grouillent, surabondent, débordent. Les uns sur les autres, les uns contre les autres, ils se débattent, s’écrasent, disparaissent dans la masse et resurgissent fragmentés : une gueule aux crocs acérés, le large bec d’un oiseau, les cornes d’un zébu, une patte aux griffes affutées. A mi-chemin entre figuration et abstraction, Julian Farade représente un chaos de formes et de couleurs qui s’affrontent perpétuellement sans jamais laisser poindre l’once d’une possible résolution. Les chimères de l’artiste sont tout à la fois grecques, aztèques, égyptiennes - ce sont les protagonistes de son paysage psychologique, les acteurs de la comédie humaine. 

 

Si l’on retrouve la liberté d’un trait expéditif, spontané et parfois turbulent des expressionnistes abstraits (de Kooning), la simplification caricaturale de son bestiaire, primitif, naïf et même grotesque, apparente son travail aux artistes de la figuration libre (Robert Combas), de la Bad Painting (Basquiat), et, surtout, du groupe CoBrA. Comme Karel Appel, Asger Jorn ou Corneille, Julian Farade forme, avec des couleurs stridentes, une poétique instinctive élémentaire. Comme eux, il s’intéresse aux arts populaires, à l’artisanat, en inventant un point de broderie qui lui permet de transposer en laine son vocabulaire pictural animalier. A la débâcle couchée en urgence de ses toiles et ses carnets cède un travail fastidieux et méditatif. On y parle la même langue mais la broderie nivelle les figures, qui poussées au paroxysme de leur simplification,  deviennent des formes colorées se découpant les unes par rapport aux autres - non sans affinité avec les papiers découpés de Matisse. 

 

Ce bestiaire mythologique et familier que l’artiste reproduit de manière obsessionnelle et boulimique sur tous les supports qui lui passe dans les mains (dessins, toiles et broderies, mais aussi  gravure sur bois et céramique) apparaît comme la transcription picturale, l’objectivation déguisée de ses émotions. Le crocodile, l’oiseau, le serpent éprouvent par un affrontement féroce les tensions humaines en une véritable catharsis picturale. Avec Casse-mémoire, Farade explore ses souvenirs sous la forme du jeu de taquin, un casse-tête dont la solution s’obtient en recomposant des suites numériques ou des dessins par le glissement de carrés dans un cadre. Ici, l’artiste nous invite à jouer à avec sa mémoire mais aussi avec notre mémoire - ses animaux qui l’habitent sont aussi les nôtres.  

 

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