BRIGHT NIGHT
Jörg Kratz & Dylan Williams
 

Les galeries Mathilde le Coz et Elsa Meunier  (elma.) sont heureuses de présenter Bright Night : une exposition réunissant les oeuvres des artistes allemands et gallois, Jörg Kratz et Dylan Williams.  Tous deux peignent des paysages allusifs, dépouillés, épuisés de toute trace humaine. Leurs tableaux aux lumières diffuses, enveloppées de palettes restreintes et sobres portent les éclats, précieux et fragiles, d’une nuit habitée de mythes et légendes - Jörg Kratz et Dylan Williams peignent les mystères des lueurs du soir.

​

Les deux artistes sont les héritiers d’une histoire de la peinture de paysage particulièrement riche en Allemagne et en Grande-Bretagne, représentée au XVIIIe et XIXe siècle par les maîtres du romantisme, parmi eux Caspar David Friedrich et J.M.W. Turner. Le paysage romantique se détache de la représentation classique et minutieuse des lieux, comme de l’allégorie, pour donner libre cours à l’expression élevée du sublime et de l’infini. La nature devient un lieu mystique, exalté, envoûté, un lieu pour se retrouver, éprouver ses tourments, vivre ses splendeurs comme ses terreurs.

​

Les toiles inhabitées de Jörg Kratz et Dylan Williams semblent produire chez celui ou celle qui regarde le tableau un phénomène assez proche. Tous deux nous positionnent face aux paysages de leurs fenêtres picturales. Sans autre personnage, le spectateur devient nécessairement le sujet de ce qu’il regarde. Toutefois, Jörg Kratz et Dylan Williams opèrent un changement drastique de format. A rebours de leurs prédécesseurs, ils peignent sur des châssis de petite dimension - traditionnellement utilisés pour les portraits - qui encapsulent l’immensité du paysage qu’ils contiennent. Le spectateur, seul face à une nature souveraine, semble alors regarder en miroir son propre paysage intérieur. L’ajout d’un élément - un astre lumineux pour Dylan Williams ou un point de fuite pour Jörg Kratz - nous attire encore plus vers l’intérieur du tableau : la contemplation introspective se veut totale, immersive.

​

Chez Jörg Kratz, la nature est sylvestre et dense. Dans second thundershower over (2023), nul ne serait surpris d’apercevoir d’entre les ramures la peau blanche d’une dryade égarée. La touche est enlevée mais lourde comme la pesante frondaison d’une forêt millénaire. La lumière, est aspirée. En regard, les oeuvres de Dylan Williams sont atmosphériques, éthérées. Avec un pinceau délicat et vaporeux, l’artiste suspend un soleil silencieux dans Softly through darkness (2023) - une préoccupation astronomique, elle aussi millénaire, qui agita les peuples des mégalithes. La lumière, vibrante, y est délayée. Au mouvement de broussailles de Jörg Kratz répond un immobilisme traversant comme un menu courant d’air chez Dylan Williams.

​

Que ce soit l’éclat de nuit dans la brume de Dylan Williams ou le clair de lune feutré de feuillages de Jörg Kratz, les artistes de Bright Night nous offrent avec leurs paysages cryptiques et farouches une vision poétique de la nature, une méditation sur nos états-d’âmes, un échantillon de sublime.

​